« Il ne restait plus qu'à décider du devenir d'une telle diversité, dans la nuit monolithe des banlieues. On avait commencé, ici aux Antilles, par moquer les fils, ceux qui étaient nés là-bas en France (les sociologues disaient : la deuxième génération), on racontait à leur propos des histoires de calimordants (leur manière à eux de nommer les crabes et de pérorer le français, quand ils revenaient au pays et qu'ils étaient débarqués de ces Boeing 747 où on vous traitait presque comme un bétail ou une cargaison), plus tard on les appela des Négropolitains, ils en revendiquèrent parfois l'appellation, et la question se posa donc, à quoi nul ne porte réponse, de ce qu'ils sont en vérité.
On s'évertuait de partout à les coincer laminairement entre deux impossibles, d'un ici et d'un là-bas, et entre deux identités, aussi frileuses et circonspectes l'une que l'autre, du Français et de l'Antillais. L'idée grossit alors que la seule ressource était de l'intégration. Il y eut des leaders nationaux de l'intégration. Il fallait accomplir la citoyenneté irréversible, au lieu même où on vous l'avait accordée, et malgré même la résistance des citoyens patentés, dits français de souche.
Mais ils sont, ceux-là qui naviguent ainsi entre deux impossibles, véritablement le sel de la diversité du monde. Il n'est pas besoin d'intégration, pas plus que de ségrégation, pour vivre ensemble dans le monde et manger tous les mangers du monde dans un pays. Et pour continuer pourtant d'être en relation d'obscurité avec le pays d'où tu viens. L'écartèlement, l'impossible, c'est vous même qui le faites, qui le créez.
Aussi bien, plutôt que de vous déchirer entre ces impossibles (l'être aliéné, l'être libéré, l'être ceci l'être cela), convoquez les paysages, mélangez-les, et si vous n'avez pas la possibilité des avions, des voitures, des trains, des bateaux, ces pauvres moyens des riches et des pourvus, imaginez-les, ces paysages, qui se fondent en plusieurs nouveaux recommencés passages de terres et d'eaux. »
Édouard Glissant, Tout-monde

 

Kawann (K1) vous présente l'association
Gens de la Caraïbe
et vous conseille sa lettre d'infomations culturelles

http://gensdelacaraibe.org

01/02/2001
Cette semaine, une naissance au sein de l'association.
Nos félicitations à la maman et ces quelques mots pour accueillir Monsieur Roàn :

Roàn
lèspwa dèmen


Roàn
Padon nou ka mande w padon
padon poudavwa ou parèt asou an latè
nou se le ba w pi bèl
nou se le ba w pi dous

Roàn
Mèsi nou ja ka di w mèsi
mèsi poudavwa ou parèt asou latè-tala
ba nou li an piplis pi bèl
ba nou li an piplis pi dous

Roàn
Yela! nou ka voye w yela!
yela! poudavwa ou wè jou jòdijou
mennen klète èk bèlte an zye nou
mennen dousè èk chalè an tjè nou

Roàn
Roy! nou ka chante w roy!
roy! poudavwa jòdijou fè w wè jou
pòte lakontantman èk lafelisite
pòte lèspwa an lèsperans