LES RÉFORMES DE LA MONARCHIE ÉCHOUENT…
En 1780, Louis XVI nomma un ministre de la marine réformateur, CASTRIES, qui entendait renforcer le pouvoir royal, contrôler les affaires des colons et adoucir le sort des esclaves et des libres de couleur. Ces tentatives se heurtèrent à la résistance d’un parti de colons qui fit échouer les reformes de Castries (1780-87), puis de son successeur La Luzerne, et se présentait comme victime du despotisme ministériel, c’est-à-dire de l’esprit réformateur de la monarchie.
… UN PUISSANT LOBBY COLONIAL SE FORME
En 1788, les colonies qui ne relevaient
pas de l’institution des Etats généraux, ne furent pas convoquées.
Des colons organisèrent cependant des élections illégales
et se présentèrent dans l’ordre de la noblesse.
Ce fut à l’occasion de la
révolution qui transforma les Etats généraux en Assemblée
constituante (17-20 juin 1789) que ces colons se firent admettre dans la
nouvelle Assemblée : 6 députés de St-Domingue représentèrent
la population blanche. Organisés dans le Club Massiac, soutenus
par les puissants ports négriers, ces colons se lancèrent
dans d’efficaces manœuvres de lobbying pour la défense de leurs
intérêts.
UNE SITUATION BLOQUÉE ?
En effet le vote de la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, le 26 août 1789,les inquiéta.
L’Assemblée irait-elle jusqu’à abolir l’esclavage comme Necker,
Mirabeau, la Société des Amis des Noirs l’avaient déjà
proposé ?
En France, le Club Massiac mena
campagne en faveur du maintien de l’esclavage et d’une constitution “spécifique”
pour les colonies esclavagistes, n’hésitant pas à menacer
l’Assemblée de sécession :
“La population des colonies est
composée d’hommes libres et d’esclaves. Il est donc impossible d’appliquer
aux colonies la Déclaration des droits sans exception. Il est donc
nécessaire de déterminer spécialement pour les colonies
des principes constitutifs qui soient propres à assurer leur conservation
suivant le seul mode d’existence qu’elles peuvent avoir.” Malouet,
11 mai 1791 à l’Assemblée
A St-Domingue, le parti des colons s’empressa de former des assemblées coloniales réservées aux blancs et ouvrit la guerre civile contre les libres de couleur et les blancs qui prenaient leur parti : ainsi, le juge Ferrand de Beaudières, fut-il assassiné, fin 1789, pour avoir pris la défense des libres de couleur.