Dans cette colonie, la plus peuplée, vivent près de 500 000 esclaves, 25 000 blancs et autant de “libres de couleur”, en 1789.

QUI SONT LES “LIBRES DE COULEUR” ?

Les enfants métissés de colons et de femmes esclaves et les affranchis. Leur nombre a augmenté en un siècle, dépassant celui des blancs. Planteurs, eux aussi, ils participaient aux milices de l’ordre esclavagiste.

QU’EST-CE QUE LE PRÉJUGÉ DE COULEUR ?

Progressivement le gouvernement colonial dépouilla les libres de couleur de toute protection juridique de leur personne comme de leurs biens.
En 1771, la loi coloniale politisa la différence de couleur en reconnaissant :
“la différence que la nature a mise entre les Blancs et les Noirs et que le PRÉJUGÉ POLITIQUE a eu soin d’entretenir comme une distance à laquelle les Gens de couleur et leurs descendants ne devaient jamais atteindre ; enfin qu’il importait de ne pas affaiblir l’état d’humiliation attaché à l’espèce dans quelque degré qu’elle se trouve, préjugé d’autant plus utile qu’il est dans le cœur même des Esclaves et qu’il contribue principalement au repos des colonies.”

Inconnue dans le royaume, la NATIONALITÉ COLONIALE fut établie d’après l’origine : les esclaves étaient des ÉTRANGERS, même s’ils étaient nés là, dits de nationalité africaine ; les blancs, français ou européens ; les libres de couleur, des étrangers sans droits.

TOUT EST À INVENTER

La Société des citoyens de couleur, créée en 1789, croyait pouvoir obtenir de l’Assemblée constituante l’égalité des droits avec les colons.
Illusion, répond Julien RAIMOND, le préjugé de couleur est le ciment de la société coloniale esclavagiste et ne sera renversé qu’avec elle.
Le préjugé de couleur n’est au fond, qu’une “distinction de classe,” qui masque (paraît-il) l’exploitation des esclaves. Ouvrant le procès du colonialisme, Raimond fit appel au tribunal de la raison :
“la liberté étant un Droit naturel, inhérent à tout être qui respire, la présomption est entièrement à son avantage ; dans les colonies où l’esclavage est introduit, il ne suffirait pas de dire à un homme qu’il est esclave, il faut encore le lui prouver.” 27 nov. 1789