...AVEC DES ANTICOLONIALISTES
Raimond trouva en l’abbé GRÉGOIRE
un ami, un député énergique, un penseur audacieux,
osant dire que la révolution dans les colonies était, comme
ailleurs, à l’ordre du jour et prévoyait des issues qui,
toutes, conduisaient à la fin des colonies :
“Un feu secret couve dans l’Europe
entière et présage une révolution prochaine. Oui,
le cri de la liberté retentit dans les deux mondes…
La Métropole peut perdre
ses colonies ou parce qu’elles seront conquises, ou parce que les Blancs
se sépareront, ou parce que les sang-mêlés feront scission,
ou enfin parce qu’une révolte des Nègres causera aux colonies
une secousse qui les démembrera de la France”. Grégoire,
décembre 1789
… AVEC LA SOCIÉTÉ DES
AMIS DES NOIRS
ANTIESCLAVAGISTE MAIS COLONIALISTE
Fondée en 1788 par CLAVIÈRE
banquier, CONDORCET libéral économiste, BRISSOT, sur le modèle
de son homologue anglais, elle visait à informer sur les réalités
de l’esclavage, dans le but d’interdire la traite puis l’esclavage, tout
en conservant le système des plantations. Elle proposa une forme
moderne de colonialisme assimilationniste :
“Abolition de la traite, liberté
sagement préparée pour les esclaves, égalité
des droits entre tous les hommes libres, quelle que soit leur couleur,
liberté de commerce et confiance entière dans nos avantages
naturels et dans les résultats nécessaires de la totale destruction
de l'ancien régime… que la constitution de la France doit être
appliquée en tout aux colonies, comme provinces du royaume.”
Adresse
du 28 mars 1791
Grégoire et Raimond, entrés dans la Société début 1790, allaient lui donner du caractère un an durant, cherchant à réunir les antiesclavagistes et anticolonialistes dispersés dans les Clubs, dont celui des Jacobins, et s’exprimant dans plusieurs journaux.
L’ASSEMBLEE CONSTITUANTE SE DÉSHONORE
Lors du grand débat sur les
colonies, en cédant au lobby colonial et violant la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen, elle constitutionnalisa l’esclavage
le 13 mai 1791.
Puis, après hésitation,
elle introduisit le préjugé de couleur dans le droit constitutionnel
en excluant les libres de couleur.
BARNAVE, rallié au lobby
colonial, reprit les termes de la loi de 1771 sur le préjugé
de couleur :
“A St-Domingue, près de
450 000 esclaves sont contenus par environ 30 000 blancs… Il est donc physiquement
impossible que le petit nombre des Blancs puisse contenir une population
aussi considérable d’esclaves si le moyen moral ne venait à
l’appui de la faiblesse des moyens physiques. Ce moyen moral est dans l’opinion
qui met une distance immense entre l’homme noir et l’homme de couleur,
entre l’homme de couleur et l’homme blanc. C’est dans cette opinion qu’est
le maintien du régime des colonies et le gage de leur tranquillité."
A
l’Assemblée, 24 septembre 1791
Il ne restait plus aux intéressés
que le recours au droit de résistance à l’oppression.