Romans
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Edwige
Danticat, La récolte douce des larmes, Grasset, Paris, 1999
« Un roman sur fond historique
: le massacre de 1937. En une nuit, sur ordre de Raphael Trujillo Molina,
président depuis trente et un ans de la République Dominicaine,
plus de 20 000 Haïtiens - coupeurs de canne à sucre ou serviteurs
- sont massacrés. Amabelle a huit ans quand elle voit ses parents
se noyer. Recueillie sur la rive du fleuve par une famille espagnole, elle
devient la servante de l'épouse d'un colonel de l'armée.
Elle aime Sébastien, un coupeur de canne à sucre. Il est
attirant malgré les cicatrices sur son visage et ses mains calleuses.
Elle veut devenir sa femme. Tous les deux sont Haïtiens, utiles aux
Dominicains, mais pas vraiment bienvenus. Des rumeurs courent : dans certaines
villes, les Haïtiens sont persécutés voire tués.
Ils décident donc, avec des amis, de retourner en Haïti, mais
c'est l'horreur qui les attend. Comme des milliers d'autres Haïtiens,
Amabelle survit à ce bain de sang, mais elle est épuisée,
disloquée, lorsqu'elle parvient sur l'autre rive du fleuve. Un ami
de Sébastien l'emmène dans sa famille : ils ne parviendront
pas à s'aimer, le souvenir de Sébastien qui a disparu lors
du massacre les en empêche ... » (Note
de l'Éditeur).
Edwidge Danticat, née en
Haïti en 1969, vit depuis l'âge de douze ans aux États-Unis.
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Jacques
Stephen Alexis, Compère Général Soleil, Gallimard,
1955
L'histoire d'Hilarius Hilarion, jeune
nègre des bidonvilles de Port-au-Prince qui devient sympathisant
communiste lors de sa détention à la prison de Fort-Dimanche.
Obligé de s'exiler pour échapper au décret de mise
hors la loi des militants et sympathisants communistes pris sous la présidence
de Sténio Vinvent, il se retrouve à travailler avec les travailleurs
de la canne (braceros) dominicains et haïtiens dans un batey
en République Dominicaine. Face à l'agitation sociale, notamment
des braceros, qui destabilise son régime dictatorial soutenu
par les Etats-Unis, le Chacal Raphael Leonidas Trujillo organise le massacre
de dizaines de milliers d'Haïtiens à travers tout le pays.
Obligé de fuir avec sa femme et son fils - qui décède
au cours de l'exode - pour retourner en Haïti, Hilarius est touché
par les balles des gardes-frontière fascistes en traversant le fleuve
: il meurt au moment où Compère Général Soleil
se lève sur Ayiti Tonma.
Jacques Stephen Alexis est né
le 22 avril 1922 aux Gonaïves, en République d'Haïti.
C'est un descendant, par sa mère de Dessalines ; son père,
le romancier et historien Stephen Alexis (1889-1962), fonda le journal
L’Artibonite
qui milita contre l’occupation d'Haïti par les troupes étasuniennes
(1915-1934). J. S. Alexis fut le co-fondateur en 1945, avec d'autres jeunes
Haïtiens (Gérald Bloncourt, René Depestre...), de la
revue La Ruche, Organe de la Jeune Génération
qui appela à la grève générale générale
du 7 janvier 1946 qui devait deboucher sur le dechoukaj d'Elie Lescot
(voir Collectif du Cinquantenaire, Haïti, 7-11 janvier 1946,
éditions La Flèche du Temps). Mais la prise du pouvoir par
une junte militaire l’obligea à l’exil. Il rédige alors son
premier roman, Compère général Soleil,
publié à Paris en 1955. Il participe en 1956 au premier Congrès
mondial des écrivains et artistes noirs réunis à la
Sorbonne et présente à cette occasion une communication intitulée
«Du réalisme merveilleux des Haïtiens».
Suivent deux romans, Les Arbres musiciens (1957) et L’Espace
d’un cillement (1959), et un recueil de contes, Romancero
aux étoiles. En 1961, Jacques Stephen Alexis, fondateur
du Parti d'Entente Populaire, rentra en Haïti afin d'organiser la
lutte contre François Duvalier : attendu à son débarquement
par les sbires de Papa Doc, il fût capturé, torturé
et porté disparu.
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Eric Pezo, Marie-Noire,
Paroles en veillée, L'Harmattan, 1999
« Si vous attendez de la littérature
antillaise (d'aujourd'hui) la mise en forme écrite de la parole
volubile du conteur, comme le chanter d'une rivière aux flots continus
de mots, d'images, de bruits dont l'évocation (r)éveille
en nous tout un imaginaire créole enfoui, si la cohabitation dans
un même texte de la langue française et de la langue créole
ne trouble pas vos nuits ; si vous n'êtes pas respectueux de la frontière
artificielle séparant prose et poésie, alors, Marie-Noire
est le livre qu'il vous faut, qui raconte l'histoire des gens de
terre, gens de mer, une même sueur, une même ardeur, l'âme
de ces gens nommée Courage. Là où s'érigent
peines et malheurs, s'insurgent chants et muscles d'espoir comme une flamme
séculaire qui traque le mitan de la vie, elle-même. Conquérir
la lumière... conquérir la lumière, lumière
aux septs mamelles ». Daniel
Boukman
Eric Pezo est né à
Rivière-Pilote (Martinique). Son poème Moun
Lasizo a remporté l'édition 1999 du concours de poésie
en créole Kalbas Lò.